CR

06-08-2011 à 10:07:00
Oh pétard ! Nous sommes à l'automne 2010 et je lis sur un forum de course à pied que pour les 20 ans de la course des Ecrins, l'association décide de faire un non-stop sur le parcours de 180 km et 12 000 m+ !! D'abord limité à 100 coureurs, le nombre d'inscrits est porté à 300, ce qui permet à Nico, Michèle, Isa, Chantal et ma pomme de nous inscrire. J'avais fait l'édition par étapes en 1993 avec l'organisation désastreuse de Laurent Smagghe, en 2011, l'association qui s'occupe des courses est au point donc banco !

Grosse préparation hivernale en càp dûe au manque de neige, j'arrive avec 95 000 m de D+ et 125 h de càp et 2 courses à mon actif ( Ventoux et GR73), le TOE étant l'objectif de l'année.

Ce 27 juillet arrive vite, la météo n'est pas bonne, tant pis... Les 5 protagonistes sont dans l'aire de départ, les pacers (accompagnants à partir du 133 ième kilomètre) sont prêts aussi.
Le départ se fait lentement pour ma part, des pauses pipi en veux-tu en voilà, des effeuillages de jambières, de Falke, bref départ molo molo. Nico est quelques longueurs devant, je discute avec Etienne Fert, Stéphane ( le 8 de la Montagn'hard de 2010), l'entrée dans la course se fait petit à petit. Je rejoins Nico au premier ravito ce qui, allez savoir pourquoi, enclenche la pluie. Discutage en règle jusqu'à la première descente de col durant laquelle Nico disparaît à l'arrière. Pause pipi ? Le second ravito à Besse sera vite passé, je mange de la pastèque et zou, je continue...Grosse montée au col Nazié, je double du monde mais arrivé sur le plateau d'Emparis, je m'arrête un moment pour m'habiller et me fais passer. Il fait presque froid, certains sont en simple tee shirt alors que j'ai la veste respirante et les jambières ! Le ravito de la Terrasse est sous la douche, je refais le plein de pastèque, de bananes et au moment ou je repars, Nico arrive. Il pleut très fort, mais je suis assez bien jusqu'au Monêtier, le col d'Arsine est long, nous sommes 4 ou 5 à monter à quelques minutes d'intervalle. Les lacs de la Douche sont d'un bleu vif, j'ai le MP3 sur les oreilles, l'entrée dans l'ultra est entamée, nous sommes au kilomètre 55, tout va bien.

La première base vie de Monêtier est au kilomètre 65, changement de chaussettes, de tee shirt, de seconde couche trempés. Je m'alimente en salé et repars après 17 min d'arrêt, je double pas mal de concurrents qui s'arrêtent un peu plus. Je repars avec Daniel Boebion. Je le laisse partir au gré d'une pause pour convenance personnelle, je le rejoins à la fin de la forêt pour faire une hypo mémorable, je n'avance plus trop, j'essaie de manger et de boire. La descente me remettra d'aplomb et nous courons avec Daniel jusqu'à Vallouise atteinte en 13 h 23. Je demande un médoc pour les maux de ventre au docteur de la course, je mange du salé, me change comme au Monêtier avec des chaussures sèches en plus. 26 min d'arrêt et zou, départ pour le clou du spectacle...Il ne pleut plus, la frontale est de rigueur, les étoiles brillent. La montée à l'Aup Martin est loooongue, des gars sont à la dérive sur la fin du col. Pointage par les bénévoles à 2761 m et enquillage de la descente sur Pré Chaumette. Ravitaillement succint, 2 gars dorment, je suis 17 ième en repartant. La montée de la Valette est un gros morceau aussi, Gouiran et Vallonpierre se font pas trop mal mais je n'ai plus rien à manger, le prochain ravito est loin...Je m'arrête au refuge de Vallonpierre pour acheter un Mars salvateur. Descente sur la Chapelle en Valgaudemar, longue, très longue, très très longue...Mais à partir de la chapelle, il y aura Cédric mon fils aîné qui me servira de pacer ( soutien moral ). C'est un sacré challenge qu'Arnaud, l'organisateur du TOE, nous a permis de faire car Cédric n'a que 16 ans et il va devoir s'enfiler 47 km et 4700 m + ( 52 et 4800, en fait au GPS). J'arrive à la Chapelle à 9 h 15, m'arrête 42 min et repars en trottinant vraiment doucement car je suis cuit. Je mange beaucoup mais ai toujours faim, le manque de sommeil commence à se faire sentir.
Je fais un micro sommeil de 5 min sur le sentier près du refuge des Souffles, Cédric est tout frais, il cavalcade devant, je peine à suivre. Nous passerons le col de Vaurze sous le beau temps. Grosse descente sur le Désert, micro sommeil au ravito puis pluie pour la montée de Côte Belle, ses 1000 m+ et ses pourcentages de folie. Cédric fera une hypo à 20 min du sommet, je lui donne un gel et l'attends un peu. Il se refera dans la descente sur Valsenestre. Grosse pluie pour l'arrivée à la quatrième et dernière base vie, je dors 10 min sur un lit et mange lorsque la première féminine arrive. Nous repartons avant elle mais Cédric n'est pas au top, il n'avance plus trop, nous nous ferons doubler dans la partie finale. La frontale est de sortie pile au col de la Muzelle pour la seconde nuit et le grésil tombe, le vent souffle et nous n'y voyons rien. Je sors le GPS qui nous met sur la bonne trace, pierriers, névés, pierriers...J'apprendrai à l'arrivée qu'un gars s'est trompé en même temps que nous et pour rejoindre nos lumières, s'est jeté dans le torrent jusqu'à la taille !!! Il est sain et sauf mais ce dû être limite...

La descente est très cassante, Cédric est explosé, je lui demande de suivre mon rythme, de ne pas céder à l'arrêt. Il serre les dents, s'accroche. Je m'explose un ongle de pied dans un caillou, c'est très douloureux. Arrivés à Venosc, la première féminine est derrière car avec son groupe, elle oriente mal au GPS alors que nous avons été meilleurs. Nous rattrapons également les gars qui nous avaient passés dans la montée de la Muzelle, ils sont explosés. On décide avec Cédric de se ravitailler rapidement à Venosc pour qu'ils ne nous redoublent pas. Cédric fait maintenant le train, au bout d'un quart d'heure nous voyons des frontales, c'est la première féminine ! Mais elle est entamée, elle ne reviendra pas et je passerai la ligne d'arrivée à la 17 ième place en 41 h 36, Cédric aura crapahuté 16 h 15, il est décalqué. Maxime, Florence et Jean Pierre sont là pour nous attendre à 1 h 30 en pleine nuit, ils feront les 2 derniers kilomètres avec nous.

Nous prenons notre veste finisher et allons nous alimenter en descendant de notre nuage. J'aurai "dormi" 20 minutes sur cette boucle et il va falloir récupérer.

Au GPS, il y a 185 km et 12 400 m+...Sur le terrain, il y a des cols magiques, des cailloux et une grande satisfaction d'avoir bouclé ce truc de fou avec Cédric comme pacer.

Un grand merci à ma femme pour le soutien et les infos pendant la course, pour le chouchoutage d'après course...

Nico, Isa, Michèle et Chantal arriveront dans l'ordre, du bonheur dans les yeux et des rêves plein la tête...


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