Cette nouvelle édition étrennait un parcours plus long de 5 km et de 400 m+. Le choix de l'allongement s'est fait "politico-économiquement" sur St Gervais au détriment de l'option "plein les yeux" que représentait le col Sapin après Courmayeur. Dommage pour la qualité car St Gervais est certes une commune traversée par l'UTMB mais de là à nous faire passer au centre du village après une descente déplaisante. J'espère que les alpages de Bovine n'appartiennent pas à Martigny car l'année prochaine, les coureurs passeront au centre de la ville suisse si le maire en fait la demande !
C'est un détail mais les dérives peuvent s'amplifier si l'on y prend pas garde...
Conditions météo parfaites, organisation au top, mais bon sang que cela a été dur cette année. Mes premiers mots ont été "aucun plaisir", j'ai dû piocher depuis Arnuva cette année. Avec pour toile de fond ce lent délabrement physique que produit l'ultra, le moral n'était pas au beau fixe. Je n'ai pas retrouvé les sensations de l'année dernière, le scénario a dérapé vers le pathétique entre la Seigne et Argentière.
Nous sommes super bien placés dans l'aire de départ avec Nico, Isa et Michèle. Bon départ, pourtant, dans les 200 premiers, de bonnes jambes mais plus cette émotion des premiers UTMB où les frissons montent dans le dos, j'ai dû laisser ma place au niveau émotion cette fois-ci. Je garde de ce départ avant les Houches, les féminines qui sont parties au taquet devant Karine Herry. Deux japonaises qui virevoltent un peu trop, leur a-t-on dit qu'il y avait 163 km ? Je reverrai la plus grande en pleurs à Courmayeur et la plus petite partant chez les kinés à Arnuva...
Voza est avalé sans fatigue, le temps passe vite, je rencontre des connaissances et on papote. Ensuite, jusqu'à St Gervais, c'est presque comique. Si le parcours n'est pas très chouette sur la fin de la descente, c'est surtout le comportement de certains coureurs et coureuses qui est hallucinant. Certains me passent à 13 ou 14 km/h dans la descente, je m'amuse à enregistrer soit leur numéro de dossard soit leur morphologie pour voir s'ils vont loin. Et ce n'a pas raté, je les ai presque tous revus plus loin dans la course, explosés ou au ralenti. Bref, chacun fait ce qu'il veut... Jusqu'à Notre dame de la Gorge, c'est long mais je suis surpris car c'est passé vite. Nico ne rentre pas, c'est louche. La montée au Bonhomme se fait au train, sans avoir l'impression de pouvoir aller plus vite, bizarre ! Je double pas mal de monde jusqu'aux Chapieux. Décor somptueux sur la route jusqu'à la ville des glaciers, la lune se lève, les bons morceaux défilent sur le lecteur mp3, les seuls frissons de cet UTMB me parcourent l'échine. Remontée au train sur la Seigne, François, un ami, est au col, on discute deux minutes, cela fait du bien surtout qu'il n'y a pas de vent quand je passe !
Descente sans conviction sur Elisabetta, j'assiste à l'engueulade d'une bénévole et d'un américain qui veut remplir ses bidons de Maxim alors que c'est interdit, un grand moment !
J'arrive à Courmayeur avec 45 minutes de plus pour les 5km et 400m+, c'est plus que correct mais je viens de m'en apercevoir en l'écrivant. Il m'a manqué cette lucidité de l'année dernière sur mon tableau de marche. Je m'étais fixé un arrêt plus court qu'en 2006 et c'est réussi puisque je m'arrête 25 min pour ravitailler. Hop, il faut repartir et c'est maintenant que la différence avec l'année dernière sera la plus impressionnante : en 2006, je gagne près de 80 places entre Courm et Cham et en 2007 près de 40. Tout est dit, ma progression se fera de façon laborieuse en un temps supérieur de 45 minutes à celui de 2006 sur le même tronçon. A Bonatti je demande où se trouvent Florence et Nico, je sais que Florence s'est fait une entorse et maintenant je sais qu'elle a plié à Champex. Nico a 55 min de retard.
J'ai envie de bâcher depuis Arnuva et même le fait de doubler les dossards 17, 22... ne me motive plus. A Champex, atteint péniblement, je me dis qu'il vaut mieux arrêter car je n'éprouve aucun plaisir mais en allant demander où se trouvaient Nico et Isa ( 2 h et 3 h derrière), je constate que finalement...pourquoi ne pas passer Bovine, je verrai après.
Bovine est passé, à Trient si Florence avait été là avec les petits, je rentrais avec eux. Point là, je continue. Werner me dépose dans la montée, quelques escargots aussi et c'est la descente. Rattrapage de Werner qui peste contre le sentier trop caillouteux et ravito de Vallorcine. Je passe le col des Montets et je retrouve des jambes pour courir à partir d'Argentière. Je reprendrai 4 coureurs dont Werner avec qui j'échange quelques mots. Et c'est à 12 km/h avec de bonnes jambes que je passe sous le portique d'arrivée. De bonnes jambes du début jusqu'à la Seigne puis d'Argentière à Cham ! Y a mieux ! Je sais depuis Vallorcine que Nico à bâché à Champex, j'aurai le fin mot de l'histoire en arrivant : entorse à la Seigne ! Et la gazelle à couru 40 km avec ça pour plier à Champex ! ça a dû ouiner et couiner sur son passage !
Finalement, à froid, je me dis que mon temps n'est pas si mal. J'ai mis 45 minutes pour faire les 5 km et + 400 m de la première partie du parcours. Ce qui aurait donné un temps de 29 h 25 avec les jambes de 2006. 42 minutes perdues sur la fin de parcours depuis Courmayeur par rapport à 2006 ( soit 20 places ), pas grand chose au final...
Félicitations à Isa (36 h 27) et Michèle (41 h 11), du beau boulot !