J3
Cette étape, je l'ai faite (dans l'autre sens) l'année dernière avec le Gab, ce fut une belle journée de rando-course.
Je pars donc super motivée, les jambes sont au rendez-vous. j'aurais donc enfin le plaisir au bout de 3 jours de courir avec Mr luccio... Pasage éclair à Prati puis on s'attaque au crêtes, il fait frais et le vent me rappelle mes courses d'hiver. Nous faisons
des petites pauses casse-croûte, ce qui permet à nico de nous rejoindre. A usciolu, ça discute comme des vieux: tu te rappelles de ceci et de cela et toi quand t'as dormi en sandwich entre 2 matelas, et toi quand t'as fait la papillotte avec ta couverture de survie...
Mais il faut repartir, nico nous annonce que ça va être dur, mais nous avalons ensemble les crêtes.
Puis chacun gère à sa façon l'approche de l'incudine, luc se trempe les pieds à chaque ruisseau, nico s'économise en marchant et moi j'apprécie d'être encore avec eux sur ce 3ème jour(le 1er jour a laissé des traces dans la tête).
Luc est intouchable, il avale la montée comme si on venait de partir. Nico a l'air de piocher.
Pour ma part, ça monte bien, je me fais plaisir mes bâtons ultra-légers en carbone (fabrication maison ciferman) m'aident, je retrouvent la gestuelle du ski alpi.
Comme à chaque fois, je me ferais ma petite veriante dans l'incudine. Décidément ce GR ne permet aucun moment de d'inattantion..
Je rejoins luc au sommet, dans sa tête il semble déjà reparti .. On attendra nico, puis chacun sait qu'il finira seul avec ce qui lui reste.
Petit coup fil à Dan, pour donner des news, c'est bon de prendre contact avec la famille.
Je rejoins nico dans la descente sur Asinau, il a soif, je lui fais un petit ravitaillement et file sur le refuge. Je l'attend, il me dit qu'il va prendre une bonne pause et repartir tranquille à son rythme pour finir.
Alors je repars direction bavella. Cette partie reste toujours aussi dure, il faut pouvoir courir et résister à la chaleur étouffante de l'envers des aiguilles. Je vais avoir du mal à en sortir, je suis une sente et me voilà embarquer dans du maquis des gros blocs de granite. Mais où est donc ce P..... de chemin?
J'entends des randonneurs 50m m au dessus de moi. C'est reparti pour une partie de sanglier. J'en ai marre, je suis pressée d'arriver à Bavella. Certains randonneurs s'en apperçoivent, je ne parle plus et j'ai décidé d'avancer.
Je m'arrête dans un snack pour me restaurer, le patrone me donne des nouvelles de luc, elle avait envie de parler mais moi j'avais envie d'avancer...
Au moment de repartir, nico arrive. Je lui propose de l'attendre mais il préfère prendre le temps de se poser.
Je n'insiste pas, je ne suis pas super bien, j'ai du mal à avancer, je zizague sur la piste, j'essaye de manger. Je passe un petit coup fil à la famille.
J'attaque la montée sur prati, je suis cuite. Puis petit à petit, l'énergie revient. Je connais par coeur cette partie, Je me fixe des objectifs d'endroits inscrits dans la tête: la montée, le vallon, les dalles, la source, ... puis je reconnais la dernière montée avant le cirque final. Je retrouve un super rythme de montée, au petit col je me met à courir et je ne m'arrête plus jusqu'à la fameuse porte. Les bâtons fixés sur le sac, je cours sans aucune difficulté, les jambes sont légères, les radadas de la fin défilent.
Arrivée à la porte, j'ai du mal à réaliser les 3 jours qui viennet de se passer.
Je descends pour rejoindre la route, luc est déjà parti à la douche.
Je savoure ce moment avec dans un coin de la tête l'image de Kilian Jornet au même endroit mais après seulement 32h54...
Luc me rejoint, nous attendons nico qui arrivera juste avant la tombée de la nuit. Et là, c'est que du plaisir: bingo 3/3 100%.
Les garçons lancent même un nouveau défi sur ce GR...
Mais cette fois, il ne se mouille pas trop, et m'envoie sur une autre planète...